1000 km de vélo sur le Southern Tiers entre Austin et la Nouvelle-Orléans

par | Mai 14, 2018 | États-Unis à vélo, Véloroute des Monarques | 2 commentaires

Après avoir retrouvé ma mère, on part ensemble sur la route Adventure Cycling du Southern Tiers. Étant la meneuse du voyage, voyager sur un itinéraire défini me permet de ne pas m’inquiéter de l’itinéraire quotidien et de mieux profiter du moment. Ce qui n’avait pas été le cas au Mexique.

Le Southern Tiers et observation des papillons au Texas

En rejoignant les routes Adventure Cycling, on rencontre aussi d’autres cyclotouristes. Cela ne m’était pas arrivé depuis le début du voyage. Je redécouvre alors un plaisir différent. On discute, échange, partage des conseils et astuces, commentons ce que l’on vit ensemble du haut de nos bicyclettes. On se croise, se retrouve au même campings le soirs. Il y a un côté grisant. Ces rencontres me font du bien. Je ne saurai pas expliquer ce qu’elles ont de différents des autres. Elles me permettent peut-être de me rappeler que je ne suis pas seule à voyager à vélo…

Tout au long du Texas les monarques quant à eux sont très présents. On en voit une dizaine par jour. Je suis heureuse de partager ces moments avec ma mère qui prend alors sa place dans le projet et comprend mieux ma démarche et ma méthode. De plus, c’est un vrai régal pour les yeux. Excitée, je me met même à chercher des chenilles sous les feuilles d’asclépiade (aucune à déclarer mon capitaine !).

Depuis mon entrée au Texas, je me suis rendue compte que j’adorais ce mélange d’activité entre le cyclotourisme et l’observation des papillons. Elle permet de flâner tout en étant à l’affût du moindre mouvement dans les airs.
Mais surtout, c’est une nouvelle façon de s’intéresser au monde extérieur et à la nature. Tandis que je connaissais si peu de choses sur les papillons en général, je peux maintenant identifier une dizaines de papillons du sud des États-Unis. Je porte maintenant une attention particulière à chaque nouvelle fleur, arbre, me questionne à leur sujet, tente de les identifier. Maintenant chaque insecte est devenu une présence curieuse, à la place de ce sentiments d’ennuie qui me prenait lorsqu’ils volaient autour de moi avant.
Bon, je n’aime toujours pas les moustiques ou encore les fourmis rouges. Mais je ne crains plus les autres insectes qui grouillent, vivent, et font partis de l’écosystème.

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God bless cyclists, et même ceux qui font de l’autostop

Ma mère doit prendre son avion à la Nouvelle-Orléans le 1er mai. Cela veut dire que nous avons environ 1000 km à parcourir en 10 jours si on souhaite profiter de la ville. Face aux vallons du Texas, on choisit de faire de l’autostop pour nous préserver un peu. Ce sera plus facile d’avancer sur le plat ensuite. Presque à chaque fois, on avait à peine le temps de lever le pouce que quelqu’un dans un gros pick-up s’arrêtait. Tout se passait très bien jusqu’à ce que l’on passe en Louisiane…

Parmi ces belles rencontres, nous avons fait celle d’un Shérif qui nous a appris que le stop était interdit en Louisiane. Il nous déconseille alors fortement de lever le pouce devant les voitures de police. Très sympathique, il nous a fait une série d’avertissements avant de reprendre la route, regrettant de ne pas pouvoir nous aider davantage.Bref, on en rit, et une fois la voiture partie, on relève nos pouces. 10 minutes plus tard, personne ne s’est arrêté. On remonte donc sur nos vélos, afin d’avancer un peu et recommencer plus loin. Après une montée (c’est bien les montées, ça incite les conducteurs à nous aider), tandis que l’on s’arrête boire, on en profite pour lever le pouce. Sait-on jamais…
Voilà le Shérif qui est à nouveau là et nous fait de grands signes.
Zut…
Il était allé chercher un pasteur qui lui devait un service, afin de nous emmener à notre destination du jour !

Comme quoi… Ça à du bon d’être des femmes qui voyage !

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Bienvenue en Louisiane

En allant vers l’est, les arbres prennent de la hauteur, la végétation devient de plus en plus verte et l’ambiance mexicaine laisse place à un pays chargé d’histoire coloniale. L’ambiance nous semble plus pesante. Peut-être est-ce seulement nos esprits qui se sont échauffés face à des récits de proches défavorables ? Après une discussion avec un français ayant vécu à la Nouvelle-Orléans, ma mère en était même venue à se demander si le Mexique n’était pas plus sécuritaire que la Louisiane… Ou bien ce sont simplement les grands arbres lourds de Tillandsia (plus communément appelées filles de l’air).Certains jours on avance plutôt mollement, nous demandons s’il ne faudrait pas modifier notre itinéraire.

Cependant, quand on voyage à vélo, il faut certes savoir garder la tête sur les épaules et éviter les zones à risques, mais il faut aussi savoir devancer sa peur. Alors on a gardé le cap.

La Louisiane nous accueille en Français et avec des fourmis rouges qui nous grignotent sauvagement les pieds. Puis les paysages se gorgent d’eau. Similaire au marais salins du sud de la France, on roule à travers des élevages de Crawfish, une variété d’écrevisse particulièrement appréciée dans le sud.
Puis on arrive à DeRidder, où les gérants du café Downtown Ground coffee shop accueillent les cyclistes avec une dégustation de beignet et boudin blanc, spécialités de la Louisiane. Puis le village de Merryville nous accueille chaleureusement en nous ouvrant les portes de leur camping éphémère spécial cyclistes. C’est ça aussi, pédaler sur le Southern Tiers !
Bah… Finalement on est bien ici aussi 🙂

La route jusqu’à Baton-Rouge se fait à travers champs, forêt et élevage de crawfish. Puis, après la capitale, on longe le Mississippi, de plus ou moins près. Les paysages sont appréciables malgré l’absence d’ombre et la trop forte présence d’usines. On ne peut pas nier que le Mississippi est un fleuve exploité. Trop peut-être ?

3 incontournables à Bâton-Rouge

  • Admirer le panorama du capitol
  • Profiter des parcs
  • Marcher le long du Mississippi

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Sur la route longeant le Mississippi, il y a presque toujours une haute butte nous empêchant de voir le fleuve. Une peu frustrée de cette situation, je profite d’une route qui monte au sommet de cette butte pour aller voir ce qu’il s’y trouve. Ouvrez grands vos yeux, c’est une véritable piste cyclable dominant le Mississippi !
En réalité ce chemin de terre et gravier (facilement praticable) est une route privée pour toutes les entreprises en bord de fleuve qui travaille directement sur celui-ci. les cyclistes sont tolérés, à condition de ne pas prendre de photo… Quoi qu’il en soit on a passé 2 jours hors trafic et à la fraicheur du fleuve !

Un mythe s’est tout de même éteint en voyant le fleuve bordé d’usines. Les temps ont bien changé depuis les histoires de Tom Sawyer. Seul les courants forts visibles en surface, la vue de nombreux oiseaux et quelques crocodiles nous rappellent que ce fleuve mythique est, ou fût, sauvage.

Une fois arrivée à la Nouvelle-Orléans, j’ai appris que cette route longeant le Mississippi était aussi surnommée “Cancer Alley”. Le taux de cancer y est plus fort que n’importe où sur la planète parait-il…

Cependant la Nouvelle-Orléans se dessine à l’horizon. L’euphorie nous gagne. On l’aura fait finalement ! Et on crie malgré l’heure tardive “Good morning New Orleans !”.

Good morning New-Orleans

À la Nouvelle-Orléans, les Guides Ulysse ont rejoint la liste des collaborateurs de la Véloroute des Monarques en offrant les versions numériques de leur guides de voyage en lien avec l’itinéraire. Merci à eux.

Du coup, pour la première fois depuis le voyage on a un guide entre les mains pour regarder où aller. Mais à vrai dire la Nouvelle-Orléans se savoure aussi en flânant au hasard des rues.
Car la Nouvelle-Orléans est avant tout une ville de musique, d’eau et d’histoire.
Par un heureux hasard on est arrivé en même temps que le festival international de Jazz, le fameux Jazzfest.
Finalement on a commencé par aller tenter de sympathiser avec l’équipe de l’insectarium pour tenter de récolter une entrevue vidéo et connaitre leur implication pour la préservation des papillons monarques. Manque de bol, ils n’ont pas eu le temps de me recevoir…
Ensuite on a à peu près fait le tour de la ville avec une balade dans Garden District sa rue commerçante Magazine, le vieux carré et Trémé. On a profité de l’ambiance festive et des nombreux concerts gratuits qui se jouaient à travers la ville. On a dansé au rythme de swing, mangé au rythme de jazz, et dormi au bruit des fétards de l’auberge de jeunesse. On est allé bien sûr visiter le bayou pour aller à la rencontre de l’eau et des alligators, et aussi fait de chouettes découvertes et rencontrés du beau monde pour parler d’environnement et d’écologie.
Car la Nouvelle-Orléans, placée au milieu des marais à quelques kilomètres seulement de la mer, est une ville qui est amenée à disparaitre d’ici quelques années. Une première catastrophe a eu lieu en 2005 avec l’ouragan Katrina et a marqué la ville à jamais. Et tout porte à croire, que ce n’est pas fini.

J’ai adoré plonger dans cette ville où l’ensemble des habitants vivent au rythme de la musique. J’ai adoré en apprendre plus sur l’histoire de la ville et la présence des acadiens face au grand dérangement, ou encore sur l’esclavage et le code noir qui ont régit le sud des États-Unis pendant des décennies. La Nouvelle-Orléans est comme un livre d’histoire à ciel ouvert, et à mes yeux une étapes indispensable du Southern Tiers pour connaitre l’histoire de l’Amérique et aussi découvrir ce que c’est que de simplement vivre en allant danser dans les clubs de jazz comme si on remontait le temps sur Congo Square.

4 incontournables à la Nouvelle-Orléans

  • Visite guidée du quartier Tremé pour en apprendre plus sur la ville, son histoire, et sa culture musicale
  • Les club de jazz sur Frenchmen street (tu pourrais surement trouver un cours de swing gratuits en plus!)
  • Flâner simplement dans le vieux carré, garden district ou le long du Mississippi
  • La visite des bayous et aller à la découverte du monde cajun

southern tiers - nouvelle orleans

Ce n’est qu’un au revoir…

Un énorme bus a mangé ma maman… Les larmes me montent aux yeux. Je me demande pourquoi. C’est plus le départ que l’absence je crois. Je ne la reverrai pas avant Noel. Mais bon, Noel n’est pas si loin non plus. J’essaie de ravaler la tristesse de l’éloignement et la solitude entremêlés. Je tente de me remonter le moral en me listant tout ce qui s’en vient pour moi : la route vers le nord, les grands lacs, Montréal, Québec… Et surtout – oui surtout – mon amoureux qui m’a confirmé venir me rejoindre à Leamington le 1er juin prochain afin de rouler ensemble jusqu’à Montréal.

Alors je vous laisse sur ces mots. J’ai encore quelques milliers de kilomètres à faire !

2 Commentaires

  1. Daniel

    Bonjour j ai vu votre trajet.Avez-vous pédalé entre Loredo et Montery .
    est-ce que c est dangeureux.je pars en sept pour 6 mois en vélo Mexique

    Réponse
    • Laura

      Non, j’ai fais cette partie du trajet en bus. Pédaler entre Laredo et Monterrey m’a été fortement déconseillé par à peu près tout le monde rencontré sur la route car elle est perçue comme dangereuse, mais aussi avec une ambiance pesante/malsaine qui, apparemment, la rend d’autant moins intéressante à faire à vélo.

      Réponse

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2 Commentaires

  1. Daniel

    Bonjour j ai vu votre trajet.Avez-vous pédalé entre Loredo et Montery .
    est-ce que c est dangeureux.je pars en sept pour 6 mois en vélo Mexique

    Réponse
    • Laura

      Non, j’ai fais cette partie du trajet en bus. Pédaler entre Laredo et Monterrey m’a été fortement déconseillé par à peu près tout le monde rencontré sur la route car elle est perçue comme dangereuse, mais aussi avec une ambiance pesante/malsaine qui, apparemment, la rend d’autant moins intéressante à faire à vélo.

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