Contre toute attente j’ai survécu. J’ai su repousser les frontières de mon univers pour aller parcourir la Loire à vélo. Ce coin de France dont je ne connaissais que le nom. J’ai surmonté ma peur de l’autre pour partir vivre ma propre aventure, saisi une opportunité unique, et pris le bon choix au bon moment !
Premiers instants de doute
Ce n’étais pas une évidence que tout allait bien ce passer. Comme l’a dit une amie cyclotouriste : avant le départ il y a bien trop d’inconnues sur la balance pour partir rassurée. Et moi, j’étais morte de trouille derrière mon grand sourire.
J’ai pris le train de Montpellier à Jarnac, une bourgade de la Charente, non loin d’Angoulême. Là encore je me lançais à corps perdu dans l’inconnu pour rejoindre mon compagnon de route rencontré le temps d’un week-end. Le rencontrer avait été une condition de la part de mes parents pour me laisser partir sans conflit. Mais comme mon cyclo-voyageur était gentil, et surpris qu’une demoiselle de 19 ans souhaite partir avec un inconnu, il avait fait 14h de route pour venir me rencontrer et saluer mes parents. Du haut de mes 19 ans et de ma carte de train, j’avais déjà était très impressionnée de sa compréhension et sa mobilité.
Un mois plus tard c’était à mon tour ! J’ai rejoins mon inconnu en train, dans le but de dormir chez lui et de repartir ensemble pour Saint-Nazaire le lendemain. Et la veille de notre départ était aussi la date d’un repas de famille exceptionnel, car de la famille américaine était en visite. Jeune fille timide, j’ai pourtant rencontré toute la famille de cet inconnu dès le premier soir. Voilà de quoi me stresser de cette situation étrange, mais me rassurer aussi face à la bienveillance de cet inconnu.
Visite express de la Charente et d’Angoulême de nuit avant de prendre la route – à vélo – pour aller à la gare. Deux ou trois oublis de dernières minutes qui ajoutent du suspense, mais par chance le train nous a attendu. Nous voilà dans le train pour Saint-Nazaire : point de départ de notre fabuleux voyage rocambolesque.
Dire que j’accusais mes parents de fabulations insensés lorsqu’ils préparaient ce voyage le long du canal du midi à vélo. Ma situation actuelle était bien plus extraordinaire !
Jusqu’aux premiers coups de pédale sur la Loire à vélo
Durant le voyage en train nous discutons de mon expérience vélo. Lui a été vice champion de France de vélo de descente, moi j’ai un vélo depuis près d’une semaine maintenant… Autant vous dire que l’on ne sait pas du tout où l’on va, ni l’un di l’autre.
Cependant nous ne pouvons plus renoncer. Alors une fois sortis du train on pédale. Que faire d’autre après avoir traversé la France pour ça ?
Depuis la gare, rejoindre la véloroute est assez compliqué. D’après les cartes notre aventure commence par l’épreuve du pont de Saint-Nazaire. Après quelques tours et détours dans la ville, nous trouvons finalement notre route et le pont. Et quel pont ! Moi qui avait finalement peu sorti la tête de la Méditerranée, je n’en avais jamais vu de pareil. Il me semblait à la fois gigantesque et infranchissable ! il nous faudrait pourtant le traverser…
Alors on se lance. À corps perdu sur ce mastodonte d’architecture qui m’impressionne par tout ce qu’il est. Grand, beau, dans un courant de vent, avec de petits symboles de vélos dessinés au sol pour que les voitures puissent « mieux nous voir ».
De l’autre côté du pont, tout est plus calme. Et on commence finalement notre voyage le long de la Loire à vélo !
Premières impressions de cyclotouriste
Contre toute attente, la première journée se déroule merveilleusement bien. Malgré l’absence totale de sport dans ma vie depuis plusieurs années, pédaler me plait. Je trouve cela facile, relaxant, et exaltant aussi !
Parce qu’il faut savoir qu’en 2009, ça n’allait pas vraiment pour moi. Pour vous remettre dans le contexte, je venais de terminer une formation éprouvante de deux ans, pimentée par une mononucléose. J’avais fini par m’enfermer dans une vie qui ne me convenait pas. Mais comme je n’acceptais pas la vie que j’étais en train de me construire, j’ai décidé de bousculer un peu le destin. Pour cela, j’ai dû aller à l’encontre de plusieurs de mes principes, tels que ne pas partir avec un inconnu à l’autre bout du pays…
Cependant voilà que des chaînes se brisaient. La mononucléose n’était qu’un mauvais souvenir. Et je savourais ces instants de vélo comme de instants de pures liberté. J’avais su prendre des risques pour dévoiler de belles situations. J’avais su me prendre en main. Et maintenant je sentais le soleil sur ma peau, le vent qui caresse ma peau et mon corps qui se fatigue un peu. Mais surtout, il y avait cet horizon qui changeait sans cesse pour en dévoiler de nouveaux.
J’étais libre !
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