Depuis que je suis montée en solitaire dans mon avion, je suis sereine comme je ne l’ai que rarement été au cours de ma vie. Je vais bientôt faire mes premiers pas en Patagonie.
Premiers pas et premières neiges
Malgré mon manque de préparatifs, je ne suis pas vraiment inquiète. je n’ai pas de logement réservé tandis que j’arrive en saison forte ; pas de problème, dans le pire des cas j’ai ma tente avec moi. Il me manque du matériel ; je devrais sûrement trouver le nécessaire en ville…
Seule l’idée de devoir remonter mon vélo seule m’inquiète, mais au fond de moi je sais que je suis capable d’y arriver.
De plus dès l’aéroport de Buenos Aires je rencontre un cycliste qui s’envole lui aussi pour Ushuaia. Je l’ai reconnu à son t-shirt « I ride with the wind », il m’a repéré avec mes sacoches Ortlieb. Instinctivement on se rapproche et commençons à discuter, voyage, projet, vélo, auberge, etc.
Quelques heures de vol plus tard, les montagnes se dessinent à l’horizon, voilà la Cordillère des Andes qui vient s’échouer dans l’océan.
J’y suis.
C’est beau…
Depuis le ciel mon esprit vagabonde déjà à travers les montagnes. Cependant je ne suis pas encore partie. Ce n’est pas si simple.
Épreuve 1 : Remonter le vélo
À la sortie de l’avion tout m’enchante. L’aéroport en bois, la vieille boite de carton un peu abîmée qui a su prendre soin de mon vélo, l’excitation de ce nouveau défi jamais relevé : remonter un vélo au complet !
Impossible de trouver une boite de vélo à Cancun. Là-bas les vélos arrivent emballés dans du plastique. Le seul carton que j’ai pu trouver était trop petit et nous avons du démonter beaucoup de parties du vélo pour qu’il puisse rentrer.
À Ushuaia je me retrouve donc avec un vélo en kit type Ikéa : plus de roues ni de garde-boue, les lumières sont fixer aussi, les pédales à remettre, le guidon tordu, les pneus dégonflés, etc. Bref quelques mois auparavant cette situation aurait été un véritable cauchemar pour moi.
Mais je me sens prête ! Je m’arme de mes meilleurs outils et je commence à remonter mon vélo pièce par pièce. D’ailleurs, Mike (et son t-shirt I ride with the wind) propose de me donner un coup de main le temps que son taxi arrive – on ne laisse pas seule une fille en détresse voyons 😉
Rien ne peut m’arriver !
Et effectivement rien n’arrive vraiment. Rien ne fonctionne. La roue ne rentre plus, impossible de fixer le porte-bagages avant… Je me sens bête. Tout le monde part de l’aéroport, y compris Mike qui ne veut pas rater son taxi, et je me retrouve seule face à mon vélo, sans internet pour me donner un coup de main ultime.
C’est juste lui et moi…
Il aura peut-être fallu 1h pour comprendre que Mike avait mal placé la garde-boue (Ô joie, ce n’est pas tout à fait de ma faute !). Ce problême empêchait ensuite bien des affaires, jusqu’à ce que plus rien ne fonctionne.
Après 2h de bricolage sur mon vélo (oui oui, bricolage et non mécanique), c’est avec une monture branli-branlo que je quitte l’aéroport en quête d’un logement.
Épreuve 2 : Trouver un logement à Ushuaia
À la sortie de l’aéroport je demande mon chemin à des travailleurs et en profite pour leur demander conseil pour trouver facilement un logement encore disponible en cette saison. Malheureusement début janvier et le mois d’affluence touristique le plus fort. Ils me souhaitent surtout bonne chance !
En route vers la ville mon vélo ne cesse de dérailler. Deux tour de pédale et je dois m’arrêter pour remettre ma chaîne. Heureusement l’aéroport n’est pas loin d’Ushuaia et j’arrive malgré tout à me frayer mon chemin.
La première auberge et complète. La gérante, gênée de refuser une femme seule à vélo, passe quelques coups de téléphone. Je repars cependant bredouille.
Quelques rues plus loin je demande mon chemin à un homme d’une quarantaine d’années et sa fille s’ils ont une idée de logement pour moi. Spontanément le monsieur m’invite à mettre mon vélo dans son camion afin de m’emmener au camping – parce qu’il y a une grosse montée pour y arriver. Malgré a réticence totale à monter dans la voiture d’un inconnu quelques minutes plus tôt, j’accepte avec joie de mettre de côté mes soucis de logement et de mécanique pour un instant.
Je suis d’autant plus heureuse d’avoir accepter cette proposition que je fus l’une des dernières acceptée au camping faute de place !
Épreuve 3 : Monter la tente
Mon voyage s’annonce donc sous les meilleurs hospices. ma confiance inébranlable se renforce encore un peu plus à chaque belle rencontre, à chaque personne aidante, à chaque bon moment.
Mes voisins de tente son deux Français à vélo ! On partage nos aventures, bons plans et projets. Exactement ce dont j’avais besoin ! Ils me proposent aussi de m’aider si jamais j’ai des problèmes avec mon matériel qui n’a pas été monté depuis des années. Heureusement tout se passe à merveille, et c’est une Laura très fière d’elle qui arbore un sourire gigantesque sous son bonnet québécois pas de style.
J’ai l’impression de ressembler à n’importe quoi. En ce moment précis je mélange la passé, le présent et le futur en un seul instant et émotion.
Une petite voix chante dans ma tête : Je suis autonome, je suis autonome !
Épreuve 4 : Être sociable
Arrivée au camping grâce à d’heureuses circonstances, je suis incroyablement reconnaissante d’avoir commencé mon périple en Patagonie ici.
Le camping d’Ushuaia n’est pas seulement un temple de la bonne humeur, c’est aussi un lieu incroyable où de nombreux voyageurs se rencontre avec simplicité. Surtout les voyageurs à vélo d’ailleurs. Il y a comme une onde magnétique qui nous rapproche. Je ne suis pas partie que je connais déjà la plupart des bons plans cyclistes pour me rendre jusqu’à la sortie de la Carretera Austral !
je passe des soirées mémorables
Épreuve 5 : Faire ma vie
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