Face au stress montant au Kentucky, l’Ohio à vélo devient à mes yeux un havre de paix où le camping sauvage devient un jeu, et les grands lacs transportent mon imaginaire dans cette idée un peu floue de mon chez moi.

Jour 100 et petite philosophie du camping sauvage en Ohio

Puisque chaque rencontre à vélo est toujours liée à quelque chose de plus grand que nous, et qu’elle nous apporte ce dont on a besoin au moment où on en a besoin, je rencontre Bob à Cincinnati, Ohio. Bob est un voyageur serein. Après un voyage d’un an autour des États-Unis, il me partage son expérience, ses spots de camping sauvage dans la région, et surtout il déraisonne la peur. Parce que la peur est bien souvent seulement dans notre tête. Comme lorsque je me tétanise au milieu d’une nuit en camping sauvage parce que j’entends du bruit. Mais si je savais me raisonner à ce moment là, j’identifierai tout de suite un écureuil qui marche sur les feuilles fanées de la forêt. Face à lui je suis au pied du mur. Je sais que les meilleures nuits sont en camping sauvage. Je sais qu’arriver à dormir seule dans le bois était un objectif durant ce voyage.

Lors de mon passage en Géorgie j’ai bien dormi en camping sauvage une fois. Prise au piège par le changement d’heure qui m’avait fait peur, un refus d’habitants pour dormir dans leur jardin, et une course poursuite avec un chien qui m’a causé une crise de panique ; j’ai déclaré forfait et planté ma tente dans une forêt de magnolias.
Sous le coup du stress j’en ai brisé un arceau de ma tente. C’est vous dire si la peur m’envahissait !
En voyant cet arceau brisé, j’ai bien compris que mon pire danger était en fait moi-même, ou du moins cette peur irrationnelle.
Face à ce constat le stress est parti.
D’un coup, comme ça, sans demander son reste.

Une tranquillité qui m’a quitté face au défi de la traversée du Kentucky à vélo.

Mais là, face au discours de Bob et ses conseils de camping sauvage en Ohio, je m’en sens capable.

Jour 100 de mon voyage, je quitte Cincinnati et rejoins le sentier de Little Miami Trail. Le sentier est une ancienne voie de chemin de fer aménagée le long de la rivière Little Miami. Toute en douceur, alternant villes et lieux sauvages, cet espace tout en douceur me fait du bien.
Cette ambiance me permet de m’offrir une glace de luxe et une nuit en camping sauvage le long de la rivière Little Miami. Baignade, coucher de soleil et nuit sereine en écoutant le clapotis de la pluie qui résonne sur ma toile de tente.

Dans ma tête, une seule phrase résonne : « Merci la vie! ».

Sur les traces de l’historique Underground Railroad

L‘Underground Railroad est une autre route Adventure Cycling. Elle suit, à peu près, la route qu’empruntaient les esclaves pour fuir leur situation et se réfugier au Canada où l’esclavage était interdit (ou simplement pas dans le moeurs ?). De Mobile (Alabama) à Fort Erie (Ontario), j’aurai pu suivre cette route au complet. Cependant, les monarques passent passent un peu plus à l’Ouest. De plus je voulais absolument aller à Pelee Island et Pointe Pelée, des lieux clés de la migration des monarques à l’automne.

En quittant Little Miami Trail, la vie n’est plus si douce. La forêt laisse place aux immenses champs, traces de l’agriculture industrielle. Les monarques apparaissent de temps en temps. Je me met à espérer quelques champs bio. T’sais, pour qu’ils puissent ne pas mourir empoisonnés par la vie… Et nous avec.

Maïs et asclépiade : considérée comme une mauvaise herbe par les agriculteurs, l’asclépiade a tendance à envahir les champs.

Parmi mes belles découvertes, il y a la petite ville de London en Ohio. Dynamisée par le passage de la route Adventure Cycling, une association de citoyens a mis en place un camping gratuit pour les voyageurs à vélo. Un endroit parfait pour allier économie et camping aux États-Unis.
À l’exception de la douche et du wifi, toutes les installations sont là, et c’est un endroit idéal pour rencontrer aussi d’autres voyageurs. Moi j’ai rencontré Ikio. Parti de New York, il traverse les États-Unis d’est en ouest sans date de retour pour le moment.

>>> INFO CAMPING USA  –  dans les State Park, le tarif du camping varie entre 25 et 47$US – et les campings privés sont généralement autour de 15 à 20 $US.

Au Delaware State Park, payer mon emplacement de camping 40$ me fait tellement mal au coeur, que je me promet de ne plus faire cette bêtise. Surtout que maintenant j’ose dormir en camping sauvage. Alors le lendemain, je m’arrête à 13h (et 80km de parcouru), car j’ai trouvé un parc idéal pour camper cette nuit (et que j’ai de l’avance pour le ferry de Pelee Island).

Et au bout de l’Ohio, il y a les Grands Lacs

Et je continue ainsi jusqu’au Grands Lacs…

Arrivée à Sandusky, j’ai bien dû freiner face au bleu de l’horizon

J’ai beau être déjà venue, avoir déjà vu les Grands Lacs, ils me surprennent à chaque fois par leur immensité, leur goût de bout du monde… Et cette fois-ci, ils ont aussi une saveur de fin de voyage car je vais passer ma dernière frontière, et demain mon conjoint me rejoint afin de terminer le voyage ensemble.