Après la Baja California, nous entamons une traversée du Mexique à vélo d’ouest en est. Le nouveau départ se fait à partir de Mazatlan.
La côte ouest du Mexique à vélo
Dans le ferry il fait chaud, horriblement chaud. Avec le temps qui passe nous sentons l’air qui s’épaissit d’humidité. On passe pas mal de temps avec Sjoerd (de manière simplifiée vous pouvez prononcer Shurtz), un hollandais rencontré à La Paz, et nous décidons finalement de faire un bout de route ensemble.
À Mazatlan, changement de décors. Nous sommes passés d’un paysage désertique composé de roches et de cactus ; aujourd’hui nous voici dans un climat tropical. Nous sommes entourés de forêts humides avec palmiers, cocotiers… Au bord des routes on trouve maintenant criquets, sauterelles et serpents. On sent qu’il y a un million d’habitants au mètre carré si on ose s’éloigner un peu de la route. On se sent comme dans un autre pays.
D’ailleurs, comme à chaque passage de frontière (ou presque), on a perdu nos repères. On ne sait plus trop où aller pour dormir. Alors c’est comme un élan de fainéantise, on va de plus en plus à l’hôtel. Nous partageons la chambre à 3 et devons payer alors entre 5 et 8€ pour un lit, une douche, un ventilateur, internet et parfois même le plein d’eau potable. La tente devient trop chaude par ces températures. Et en vue des innombrables bestioles et cafards en tout genre que l’on voit toute la journée, dormir au sol et à la belle étoile ne m’attire pas.
Le Mexique continue de nous séduire par ses contrastes, ses habitants et son originalité, sa capacité à nous surprendre. Nous dormons au palais présidentiel de la ville de Ruiz et nous faisons réveiller par les policiers ; servons de garde-manger à des nuées de moustiques à San Blas où passons un court après-midi à l’hôpital suite à une allergie de Yan ; …
Mais j’ai un coup de cœur particulier pour la ville de Sayulita qui est une ville envahie par les jeunes et les surfeurs. Elle respire un air de vacances et de plages au sable chaud. Ville en partie américaine il est vrai, tout est écrit en deux langues et on n’arrive pas à retirer des pesos, uniquement des dollars. Cependant elle est belle et on s’y sent bien. On a sympathisé avec Nathalie, créatrice de vêtement qui est née en France, a grandit sur un bateau et habite aujourd’hui ici. Elle se dit citoyenne du monde. La rencontre est belle, éphémère. Ils nous parlent du Mexique, de leur vie, de l’art, des cocos, … Ils nous apprennent a ouvrir une coco fraîche, à en extraire le jus et nous montre comment la manger pour profiter de toute sa saveur.
Chacun sa route
Le voyage c’est la vie puissance 10. La vie nous fait évoluer tranquillement tandis que le voyage dévaste tout. Plus de repères, les proches sont loin. Si le voyage nous change , le vélo nous amène à penser. Penser sur nous, penser à nous, à soi. On pense à la vie qui file et aux douleurs qui s’installent, celles qui restent et ne s’effacent pas. La douleur était trop là…
D’accroc en accroc accumulés depuis trop longtemps déjà, mon compagnon et moi décidons de nous séparer. Je continue ma traversée du Mexique à vélo en compagnie de Sjoerd et Yan. À ce moment je ne dépend plus que d’eux et je me repose totalement sur ces deux inconnus à travers le Mexique.
En route pour Mexico
La rupture a miné le moral de tous les membres du groupe. L’ambiance est étrange, nous avançons sans trop réfléchir ou faire attention. De toute façon nous n’avons que ça à faire, avancer. Notre seul repère est ce couple d’américains qui nous ont invité chez eux à Ajijic.
Ils nous accueillent à bras ouverts. Ils nous reçoivent avec classe et élégance, nous invitent à nous sentir comme chez nous et à rester le temps que nous le désirons. Ils nous font faire le tour de la ville pour nous présenter à toutes leurs connaissances. Étant donné le moral des troupes, cette oasis est parfaite et décidons de nous poser là le temps que je reprenne tout à fait mes esprits. Le surlendemain des tensions fortes commencent à se faire sentir. Non décidément nous ne pouvons pas faire comme chez nous ni rester trop longtemps. Il est temps de partir ; de toute urgence ! C’est la fin de la journée et nous ne savons pas où aller. Mais nous ne dormirons pas ici ce soir. Nous sommes mal. Nous prenons du recul et comprenons que la situation nous a fait abuser de leur gentillesse. Nous n’avions pas perçu assez vite leur malaise.
Le soir même une photo de nous est postée sur le compte Facebook du couple se vantant d’avoir accueillie des voyageurs durant plusieurs jours… On déculpabilise alors…
Pour rejoindre au plus vite Mexico City nous prenons donc l’autoroute. Ou en tout cas une voie rapide. Au début, ça va. La route n’est pas très intéressante mais nous nous arrêtons régulièrement dans de jolies villes au sein desquelles on se ressource et savoure de bons moments. Mais ça empire. À Santiago de Queretaro, c’est déjà l’enfer. Les voitures et poids-lourds passent en flux continu, les gaz et la poussière rendent l’air nocif ; le bruit devient insupportable et assourdissant.
Heureusement à Queretaro nous nous retrouvons dans une ville tranquille et agréable, et logeons chez Luis et Ana ; un coupe adorable chez qui nous nous sentons très bien. Nous y prenons un jours de repos que nous utilisons pour flâner. Pas de besoins, rien de précis. On se balade simplement au grès des jolis bâtiments. Luis et Ana se plaisent à nous faire goûter à des plats (tel que le Gordito : un pain épicé fourré) et traditions locales (heu… surtout à la tequilla – alcool d’agave – et au pulque, un alcool de mais-).
Mais une fois de retour sur la route c’est l’enfer qui recommence… Je craque assez vite. Nous sommes peut-être à l’abri des voitures grâce à un large bas-côté, cependant le bruit de l’autoroute est insupportable. Puis notre si cher bas-côté est loin d’être propre. D’innombrables pneus éclatés s’y trouvent et s’amusent à laisser des bouts de ferraille fine dans nos chambres à air. Ou en tout cas, surtout les miennes… Et même la nuit le bruit nous suit. On a beau aller s’enfermer dans des hôtels, il y a trop de voitures et les vitres sont trop fines.
Heureusement pour moi, le lendemain un gros orage décide les garçons à bien vouloir grimper dans un bus.
Mexico City & el dia de los muertos
Après le couac d’Ajijic pour faire le point, je pensais alors que Mexico serait l’endroit idéal. Je pensais rester que quelques jours ici et en profiter seulement pour faire le point, prendre des décisions et annoncer officiellement la suite de mon voyage.
Mais ça ne s’est pas passé comme ça.
On a comme perdu 10 jours de temps à flâner dans les rues, tout voir et ne rien voir en même temps. Yan et moi avons passé d’innombrables heures à toujours chercher Sjoerd. C’état spectaculaire. À chaque fois que nous sortions 5 minutes suffisaient à nous séparer.
Mais à Mexico j’ai ressenti le Mexique. La ville est pleine de bruit, de gens et de couleurs. J’ai pu acheter mon appareil photo, mettre le site à jour, et visiter Teotihuacan avec Sjoerd – ma première ruines antique de l’Amérique latine …
Malgré le bruit de la ville j’y étais bien à Mexico.
Vivante et parées de ses plus belles couleurs, la ville est en effervescence pour el dia de los muertos !
Cette fête traditionnelle est l’une des plus importantes au Mexique. Elle célèbre l’unique jour où les morts peuvent revenir sur terre afin de profiter des joies de la vie. Pour que chaque mort puisse profiter, ses proches doivent le célébrer et lui préparer des offrandes autour des 4 éléments : L’air (des drapeaux colorés), le feu (des bougies), la terre (le pain et autre gâteaux) et l’eau (toutes les boissons sont possibles).
Cette fête a été très importante pour moi car elle m’a permit de voir tout un pays en fête le jour de mon anniversaire. Elle m’a fait sentir à ma place, au bon endroit et au bon moment.
Le great divide mexicain
En sortant de Mexico nous perdons définitivement Sjoerd. Je continue uniquement en compagnie de Yan.
La sortie de la grande ville marque mon entrée dans les montagnes du Mexique. En vérité la ville est encerclée par les montagnes, cependant je ne les savoure et les observe que maintenant. Le moral est de retour.
Malgré les paysages magnifiques, la route est difficile et nous avançons bien trop tranquillement. J’ai rendez-vous avec mes parents le 18 décembre à Cancun.
Le retard et les pluies nous amène à prendre le bus régulièrement.
Le premier arrêt est à Tuxtla. Ville assez classique, cependant j’ai eu la chance d’arriver en même temps qu’une grande fête où toute la ville semblait réunie sur une même place. J’étais comme émerveillée car tout me semblait intéressant à observer : les vendeurs avec leurs énormes chargements, les amérindiens dans leurs tenues traditionnelles (les plus courantes sont des robes violettes parsemées de fleurs brodées), les décorations de noël, des danses en tenues sûrement folkloriques (rouges et blanches), et tellement d’autres choses encore…
Cependant l’arrêt à Tuxtla était prévu surtout pour aller au parc national du Canyon El Sumidero. D’immenses gorges au milieu de la jungle, et dans lesquelles est situé un écoparc avec des réserves animales, piscines, locations de kayaks pour explorer le canyon, accrobranches, … Chaque initiative avait l’air intéressante et tellement unique de part son emplacement. Avec un peu de chance il paraît aussi que je pourrai voir toucans, crocodiles et singes ! Armée de mon petit sac-à-dos remplis d’eau et de nourriture à ras bord, je pars avec Yan à la recherche d’un bus qui nous emmènerait là-bas afin de vivre l’aventure de la jungle pour toute une journée ! Manque de bol, à l’hôtel ils ne savent pas. À l’arrêt de bus non plus… Un peu déconcertée nous demandons à un chauffeur de Colectivo. Un colectivo c’est un petit van avec lesquels les mexicains semblent aller et venir un peu partout. Il y en a des milliers peut-être qui tournent partout à travers la ville… Et si les gens semblent se déplacer si facilement grâce à cela, il faut connaître comment ça marche pour pouvoir faire quelque chose avec…
Nous finissons par trouver un chauffeur qui nous fait monter dans son bus puis nous explique. Il nous dépose quelques kilomètres plus loin, expliquant qu’il faut alors prendre un second colectivo pour la ville de Chiapa de Corzo…
À peine arrivés, deux gars se jettent sur nous en me donnant des tracts pour me faire visiter le canyon avec leur compagnie de Lancha… Comme prise au piège d’un attrape touriste, j’apprends alors que l’écoparc est fermé et que le seul moyen de visiter le canyon est de prendre l’une des deux compagnies. Nous tentons de profiter malgré tout de la sortie même si ce genre de visite n’est pas fait pour nous.
Le site est très beau, la faune exceptionnelle mais peu présente pour moi, la visite un peu rapide, et un bateau nous attend au bout de la balade pour nous proposer d’acheter bières et chips… J’aurai tellement aimé marché dans la jungle, profiter un peu plus de cet endroit, de ce moment… Un peu déçue je remballe mon petit sac à dos bleu rempli bêtement d’une tonne de bouffe qui, j’ai bien compris, était finalement bien superflue. Et si j’ai vu les crocodiles, adieu singes et toucans…
Le lendemain nous prenons un colectivo pour rallier la ville de San Cristobal, à 60km de montée plus loin. La journée se termine chez Oscar, accompagnés de plusieurs couchsurfeurs venus de France, Québec et Italie. Soirée sous le signe de la fête et du voyage ! En l’espace d’une seule nuit, tout ce petit monde m’a redonné la motivation pour continuer le voyage.
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