Tu as les pieds cloués au sol et l’esprit qui vagabonde. À moins que ce ne soit l’inverse; des pieds qui fourmillent pour un esprit prisonnier. Mais prisonnier de quoi ?
La question te taraude sans réussir vraiment à la formuler.
Peux-tu réellement partir ?
Tu m’écris souvent
Je cherche en vain des mots qui donnent envie ou qui font rêver. Mais en réalité je ne sais pas quoi te répondre.
En vérité il n’y a que toi qui choisira de prendre la route ou non. Je serai peut être l’une des étincelles qui allumera ton feu. Un rien parmi le flou. Un claquement de doigt peut-être.
Mais pas plus.
Tout au fond de toi, de ta culture, de tes croyances, de tes envies; tout au fond de toi, c’est toi qui décidera.
Tu auras toujours mille questions, autant d’excuses, et n’innombrables raisons. Ce ne sera jamais le temps. Ce ne sera jamais le moment. Ce ne sera jamais idéal. Tu ne feras jamais l’hunanimité.
Et pourtant. Pourtant tu y penses encore. Pourtant tu en rêves.
Tu t’imagines au loin, encore et encore.
Il y a l’envie.
Le rêve.
L’imaginaire.
L’anticipation.
Et enfin le besoin.
Tu me demandes : Partir pour fuir ?
On t’a toujours dit que celui qui par c’est celui qui fuit. Est-ce vrai ? Est-ce faux ?
Mais peu importe.
Chaque départ est une fuite en avant et un renouveau pour quelque chose que tu ne connais pas.
Et tu as beau y penser, tenter de penser à tout ; tu ne peux t’imaginer.
Et si tu fuis, que fuis-tu ?
À travers sa fuite spontanée dans la Sierra Nevada, Cheryl Strayed n’a-t-elle pas prit la meilleure décision de sa vie ? Celle d’une folie passagère qui a pu lui prouver qu’elle était capable de tout.
Si tu fuis les autres, c’est que tu as besoin de temps pour toi.
Si tu fuis la vie c’est qu’elle ne te convient pas.
Si tu fuis un état, c’est que tu as besoin de te réaligner.
Si tu fuis un horizon plat, c’est que tu as besoin de changer d’air.
Mais si tu pars pour toi, envers et contre tout, envers et contre tous. Si tu pars sans raison, sans but, sans théorie disséquée par A+B : c’est que tu prends la meilleure décision de ta vie.
Parce que l’on a besoin de mettre ses racines à l’épreuve, de changer d’horizon.
Par chance mon imagination reste actif et m’envoie plein d’idées de trajet, de possibilités, de vérification à faire. Car il s’inquiète quand-même. Est-ce possible? Comment? Avec qui?
J’aime faire découvrir mon plaisir de voyager sur ma monture.
Retourner à Terre-Neuve pour y retrouver mes moutons sauvages.
Patience. J’arrive bientôt! o–/–o